La seconde lettre du Guide Suprême aux jeunes d'Europe |
Il est vrai qu’aujourd’hui, le terrorisme est un mal commun dont nous souffrons comme vous, mais il faut pourtant que vous sachiez que l’insécurité et le stress que vous avez expérimentés lors de ces récents événements, comportent deux différences essentielles avec les peines qu’ont endurées les peuples d’Irak, du Yémen, de Syrie et d’Afghanistan, pendant des années consécutives. La première différence est que le monde de l’Islam a été victime de la terreur et de la cruauté dans une plus large mesure, de manière plus intense et pendant une durée plus longue, et deuxièmement, que ces cruautés sont soutenues de manière efficace et par différents moyens, par certaines superpuissances du monde. Aujourd’hui, plus personne n’ignore le rôle des États-Unis dans la formation, le renforcement et l’armement d’Al-Qaïda, des Talibans et de leurs successeurs néfastes. À côté de ce soutien direct, les protecteurs révélés et bien connus du terrorisme takfiri, sont constamment sur la liste des alliés de l’Occident et ce en dépit de leurs régimes politiques les plus arriérés qui répriment cruellement les idées les plus avancées et les plus éclairées des démocraties dynamiques dans la région. L’attitude contradictoire de l’Occident par rapport à l’Éveil islamique au sein du monde de l’Islam, est un exemple significatif des contradictions qui existent dans les politiques occidentales.
Un autre exemple de ces contradictions est leur soutien inconditionnel au terrorisme gouvernemental d’Israël. Cela fait maintenant plus de soixante ans que le peuple opprimé de Palestine subit le pire genre de terrorisme. Si c’est seulement depuis quelques jours que les Européens se sont réfugiés dans leur maison et évitent de fréquenter les lieux publics, depuis des dizaines d’années, les familles palestiniennes sont en danger, même dans leur propre maison, face à la machines de massacres et de destructions du régime sioniste. Actuellement, quelle cruauté est comparable en férocité, à la construction des colonies du régime sioniste ? Sans être jamais réprimandé de façon sérieuse et efficace, par ses alliés fortement influents, ou par les institutions internationales apparemment indépendantes, ce régime continue à détruire les maisons des Palestiniens, leurs champs et leurs vergers, sans leur permettre de rassembler leurs meubles ou de faire leur récolte, et tout cela, devant les yeux effrayés et pleins de larmes des femmes et des enfants qui sont témoins de la persécution et des atteintes aux membres de leur famille, et dans certains cas, de leur incarcération dans les prisons les plus effrayantes du monde. Connaissez-vous, dans le monde d’aujourd’hui, une férocité pareille à celle-ci du point de vue de son étendue, de son intensité et de sa durée ? Tirer sur une femme au milieu de la rue, pour la seule raison qu’elle s’est opposée à un soldat armé jusqu’aux dents, si ce n’est pas du terrorisme, alors de quoi s’agit-il ? Cette barbarie ne doit-elle pas être appelée « extrémisme » pour la seule raison qu’elle est commise par la force militaire d’un gouvernement usurpateur ? Ou peut-être que ces images diffusées fréquemment à la télé depuis soixante ans, n’arrivent-elles plus à préoccuper nos consciences !
Les expéditions militaires contre le monde de l’Islam ces dernières années, qui ont laissé d’innombrables victimes, sont un autre exemple de la logique contradictoire de l’Occident ! Les pays agressés, en plus des pertes de leurs citoyens, ont perdu leurs infrastructures économiques et industrielles, et leur mouvement vers le progrès et le développement s’est arrêté ou a été ralenti, et dans certains cas, ils ont subi un retard de dizaines d’années. Cependant, on leur demande avec aplomb, de ne pas se considérer comme des opprimés. Comment est-ce qu’on peut ruiner un pays et anéantir ses villes et ses villages, et ensuite, demander aux gens de ne pas se considérer comme opprimés ! Au lieu d’inviter à ignorer ou à oublier ces catastrophes, ne serait-il pas mieux de présenter franchement des excuses ? Pendant toutes ces années, les peines dont souffre le monde de l’Islam à cause de l’hypocrisie et de la dissimulation des agresseurs, ne sont pas moindres que celles que ces dommages matériels lui ont infligées.
Chers jeunes ! J’espère que vous changerez à présent ou dans l’avenir cette mentalité imprégnée d’hypocrisie, dont l’art consiste à la dissimulation des objectifs lointains et à l’embellissement de buts sournois. À mon avis, la première étape pour la restauration de la sécurité et de la paix, est la réforme de cette mentalité belliqueuse. Tant que des critères contradictoires règneront dans la politique occidentale, tant que le terrorisme sera divisé, aux vues de ses puissants protecteurs, en bon et mauvais terrorisme, et que les intérêts des gouvernements prélaveront sur les valeurs humaines et morales, il ne faudra pas chercher ailleurs les racines de cette cruauté.
Malheureusement, au fil des années, ces racines se sont enfoncées dans les profondeurs des politiques culturelles de l’Occident, constituant ainsi une forme d’invasion douce et cachée. Beaucoup de pays dans le monde, sont fiers de leur culture nationale, des cultures qui en se développant et en étant la source d’autres cultures, ont nourri les communautés humaines pendant des siècles. Le monde de l’Islam n’est pas exclu de cette règle, mais à l’époque contemporaine, le monde occidental, en exploitant ses moyens avancés, insiste sur l’identification et l’assimilation des cultures. Je qualifie de cruauté cachée et très nocive, l’imposition de la culture occidentale aux autres nations, l’humiliation des cultures indépendantes et riches, et l’offense à leurs caractéristiques les plus vénérées, alors que la culture qui cherche à les remplacer n’en a aucunement la capacité. À titre d’exemple, la « violence » et « la débauche morale » qui sont malheureusement, devenues des éléments principaux de la culture occidentale, sont devenues inadmissibles dans cette même société. Maintenant la question est de savoir quelle est notre faute si nous ne voulons pas de cette culture belliqueuse, vulgaire et superficielle ? Est-ce que nous sommes coupables si nous essayons de barrer ce torrent destructif qui, sous des représentations artistiques, tente d’emporter nos jeunes ? Je ne nie pas évidemment l’importance et la valeur des liens interculturels. Ces liens, quand ils ont été créés dans des conditions normales et de respect pour la société ciblée, ont donné lieu à des progrès, à l’épanouissement et à l’enrichissement. Par contre, des liens hétérogènes et imposés, sont voués à l’échec et sont nocifs. Avec beaucoup de regrets, je dois dire que ces groupes lâches comme celui de Daech, sont les enfants de ces liens avortés avec des cultures importées de l’extérieur. Si le problème était vraiment de nature religieuse, de tels phénomènes auraient du également exister à l’époque du colonialisme, alors que l’Histoire dit le contraire. Les documents historiques fiables montrent clairement comment la relation entre le colonialisme et une idéologie extrémiste et rejetée, et cela au sein d’une tribu primitive, a semé le grain de l’extrémisme dans la région. Sinon, comment est-il possible que d’une des plus morales et des plus humanitaires écoles de pensée du monde qui, dans son Texte fondamental, considère l’assassinat d’un être comme l’assassinat de toute l’humanité, naisse une ordure comme Daech.
D’autre part, il faut se demander pourquoi des gens qui sont nés en Europe et qui ont été instruits dans ce milieu idéologiques et moral, adhèrent à de tels groupes ? Peut-on croire que des individus, sous l’influence d’un ou deux voyages dans les zones de combat, deviennent tout à coup des extrémistes qui ouvrent le feu sur leurs concitoyens ? Il ne faut absolument pas oublier l’impact d’une vie menée dans une atmosphère culturelle malsaine et dans un milieu pervers, propice à engendrer la cruauté. Il faut faire une analyse complète qui mette à découvert les impuretés visibles et invisibles de la société. Il est possible que la rancune profonde qui, au cours de ces années d’épanouissement industriel et économique, s’est installée dans le cœur de certaines couches des sociétés occidentales, à cause des inégalités et éventuellement des discriminations légales et structurelles, ait formé certains complexes qui de temps à autre, se manifestent de cette manière maladive.
En tout cas, c’est vous qui devez découvrir les réalités de votre société, les problèmes et les rancunes, afin de les éliminer. Il faut rectifier les écarts au lieu de les approfondir. La grande erreur, dans les luttes contre le terrorisme, est qu’il s’agit de réactions hâtives qui aggravent les écarts existants. Tout acte émotionnel et hâtif qui isolerait, effraierait ou angoisserait la communauté musulmane d’Europe et d’Amérique qui compte des millions de gens actifs et engagés, et qui les priverait encore plus que par le passé de leur droits naturels en les écartant de la scène sociale, non seulement ne résoudrait en rien le problème, mais approfondirait les écarts. Des décisions prises à la légère et réactionnelles, surtout quand elles prennent une allure légale, n’auront d’autre résultat que d’ouvrir la voie à de prochaines crises, avec l’augmentation du nombre des blocs dans le monde.
Selon les informations que j’ai reçues, dans certains pays européens, on a établi des règlements qui forcent les citoyens à espionner les musulmans. Cette attitude est oppressive et tout le monde sait qu’une attitude oppressive, qu’on le veuille ou non, est réversible. D’ailleurs, les musulmans ne méritent pas ce genre d’ingratitude. Depuis des siècles, le monde occidental connaît bien les musulmans. Depuis le jour où les Occidentaux ont été accueillis sur les territoires de l’Islam et ont placé leurs espoirs dans la générosité de leurs hôtes, et le jour où ils ont accueilli les musulmans et ont bénéficié de leur activités et de leurs idées, ils n’ont rien vu d’autre que de la gentillesse et de l’endurance. Je vous sollicite donc, chers jeunes, de bâtir les fondements d’une relation appropriée et juste avec le monde de l’Islam, sur la base d’une connaissance correcte, d’une analyse profonde et d’une leçon des expériences désagréables. Dans ce cas, vous verrez dans un avenir proche, que le monument que vous avez bâti sur une telle fondation, procurera une ambiance pleine de confiance et de sûreté à ses architectes, leur offrira la chaleur de la sécurité et de la paix, et leur ouvrira des perspectives prometteuses pour un avenir brillant dans le monde entier.
Sayed Ali Khamenei